Vieux débat, et sans doute aussi une illusion, puisque nous essayons de saisir l’insaisissable… une création, une idée, un concept, une émotion dégagée au cours d’un numéro…

De nombreux cinéastes, musiciens et autre artistes ont montré qu’on ne pouvait pas posséder une “idée” ou une œuvre.

L’artiste “crée” une œuvre, qui vole ensuite de ses propres ailes et échappe complètement au contrôle de l’artiste.

C’est le vieux mythe du monstre qui échappe des mains de son créateur.

J’espère que cela ne sera pas interprété comme une justification du copiage/vol (tout à fait condamnable), mais il me semble quasi-impossible (et illusoire) de tenter de protéger une création magique…
Cela dit, le magicien dispose d’une série de moyens à sa disposition pour tenter de protéger ce qu’il crée…

Quelles sont les méthodes préconisées ?

  • Déposer votre idée ou votre concept

Bon courage… Il semble très difficile, voire impossible de déposer un concept ou une idée “magique” (flou des sources, coût de dépôt d’un brevet, “l’association d’idées ou de techniques pré-existantes n’est pas toujours considérée comme une nouvelle idée”, etc.). De nombreux magiciens et créateurs ont essayé cette méthode, et dans la plupart des cas elle leur a porté d’avantage préjudice (financier ou moral) qu’autre chose…

“Bras arraché” de Kevin JAMES breveté et pourtant copié à travers le monde, idem pour la “tirelire” de Tenyo ou pire, le “Flying” de COPPERFIELD “crée” par John GAUGHAN, et qui a permis à un nombre impressionnant de magiciens de se procurer la méthode…
Rien de tel qu’un bon brevet, semble-t-il, pour débiner le secret d’un illusion, puisque la plupart des brevets d’inventions peuvent être consultés librement par quiconque en fait la demande…

Ainsi la femme sciée en deux de Horace GOLDIN, débinée quelques jours après la sortie du brevet. L’affaire COPPERFIELD/BARTA a d’ailleurs bien montré la difficulté de revendiquer la paternité d’une invention (en l’occurrence le Flying, breveté en 1994) : “GAUGHAN a apporté des améliorations capitales à un concept vieux de plus de deux siècles, etc…”.

  • Placer la création sur un support écrit, vidéo, etc.

Faites publier une nouvelle idée dans une revue, ou filmez-la (s’il s’agit d’une routine ou d’une illusion) et diffusez-la ! Si quelqu’un vous pique votre idée, vous pourrez au moins soulever l’argument chronologique, consistant par exemple à dire que vous avez diffusé la même idée trois ans avant.

C’est la méthode choisie par Guy HOLLINGWORTH lorsqu’il a créé sa carte déchirée et reconstituée : voyant que d’autres magiciens commençaient à s’intéresser de près au sujet, il a choisi de filmer sa méthode en édition limitée. Je pense aussi à Tommy WONDER, qui s’est payé le luxe de publier sa pub pleine page en couleur dans d’importantes revues américaines pour dire que sa “boule volante” venait d’être piquée et qu’il valait mieux acheter la sienne…

  •  La responsabilité est toujours du côté de celui qui achète.

Grand principe ! Une part de la responsabilité du “vol” de certains numéros ou d’idées vient du fait des programmateurs de galas ou de congrès, d’impresarii et autres organisateurs qui achètent un numéro dont ils savent pertinemment qu’il a été volé…parce qu’il est moins cher, ou pour d’autres raisons tout aussi glorieuses…

Peut-être serait-il temps que les personnes qui ont ce pouvoir (celui d’acheter ou de vendre des numéros de gala, bref de faire vivre ces numéros) s’engagent à ne pas promouvoir des numéros qui sont des plagiats notoires (on peut toujours rêver) ou que les magiciens eux-mêmes refusent d’acheter des tours qui sont des copies ou des vols manifestes d’autres routines (j’en ris d’avance).

  •  Volez au-dessus reste la méthode la plus simple, mais sans doute la plus efficace…

Faire le tour mieux que les autres ! Peter PIT disait que pour se distinguer des autres, il faut choisir un tour ou un numéro, et le travailler pour le faire mieux que les autres, pour qu’on disent finalement : “Vous devriez voir un tel faire ce tour-là”. Comptez par exemple le nombre d’imitateurs/copieurs des PENDRAGONS ou de McBRIDE

Je ne pense pas qu’ils aient jamais porté préjudice aux originaux, puisqu’ils ont toujours volé au-dessus de ces copieurs, en exécutant leur tours mieux que les autres, ou en se remettant constamment en question…
Faites votre tour mieux que les autres, remettez-vous en question et personne ne songera à jeter un coup d’œil aux copies de qualité inférieure.

Je n’ai fait qu’effleurer le sujet, et j’attends vos critiques/créations/commentaire de pied ferme ! :)

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