du Mercredi 10 Août au Mercredi 17 Août 2005

Coordonnées :
Maison de l’Eau d’Olle
La Fonderie
38114   Allemont
France
Spectacles à 21 heures
Entrée Gratuite

De la convivialité et des étoiles comme s’il en pleuvait !

LE 13eme FESTIVAL DE LA MAGIE DE L ’EAU D’OLLE A TENU SES PROMESSES !

Il est de ces congrès ou de ces festivals qui en plus d’apporter à notre passion de la magie l’indispensable nourriture de spectacles ou de trucs, nous donnent aussi le temps de… prendre du temps pour l’échange, la rencontre et la découverte, non seulement de nouveaux tours ou de nouveaux numéros, mais des artistes eux-mêmes.

 Le Festival des Etoiles de la Magie (ou Festival de la Magie de l’Eau d’Olle) est de ceux-là et sa treizième édition n’a pas manqué à ce constat, même si cette année, le public a parfois répondu moins largement à l’invitation des organisateurs toujours dynamiques que sont les quatre maires des villages concernés, les responsables de l’Office touristique de la Maison de l’Eau d’Olle, qui accomplissent un travail remarquable, et Luc Parson, directeur artistique, merveilleusement secondé par David Coven et Jérôme Helfenstein.

 A noter aussi l’équipe des jeunes bénévoles – placée sous la responsabilité de Julien Pecoux – qui, de spectacle en spectacle, de village en village monte et démonte la grosse structure technique son et lumière, indispensable pour des représentations de qualité dans des lieux peu habitués aux shows magiques.

Une semaine, du 10 au 17 août, où les soirées se sont succédées sans jamais lasser, même si certains spectacles auraient pu davantage « faire le plein » ou être parfois de meilleure qualité.

 Mais tout organisateur sait combien il est difficile d’engager non seulement des artistes, mais parfois des shows complets, qui plairont à tout le monde et ne décevront pas.
Les congrès nationaux et ceux de la FISM n’échappent pas à cette limite, et il faut reconnaître à Luc Parson le mérite de prendre le risque d’ engager à chaque fois l’un ou l’autre numéro qui ne sont pas connus des habitués des rassemblements magiques et qui sont néanmoins d’excellente facture.

Dans cette ligne, relevons cette année la soirée de magie médiévale présentée par les Baladins de Mascello parmi lesquels on reconnaissait l’artiste talentueux et sympathique qu’est Mikito, et le spectacle « jeune public » de Philibert qui sut entraîner chacun dans son univers où ses capacités de ventriloque et de conteur font merveille.

Bernard Gil et sa douce partenaire Lily ont eux aussi tenu la scène durant toute une soirée. Dans le plus pur style « cabaret », avec un sens certain de la répartie et la complicité du public, ces artistes souriants surent créer une ambiance chaleureuse et parfois intimiste malgré l’immensité du complexe sportif de Vaujany où avait lieu le spectacle.

Autre grande soirée animée du début à la fin par un seul artiste – certes entouré de sa compagnie – celle où Jean Régil, un fidèle du Festival et une véritable encyclopédie vivante de la notre art, nous raconta – mieux – nous conta par le verbe et le geste l’histoire de la magie. Un superbe moment qui, des troubadours du Moyen Age aux grandes illusions d’aujourd’hui, permit au public conquis de découvrir, au travers de nombreux tours, son évolution. Un grand bravo à Jean Régil qui, les années passant, a su s’adapter sans jamais se renier, et qui demeure toujours en pleine forme notamment dans son brillant et célèbre numéro de l’évasion de l’aquarium.

D’autres spectacles ont, bien sûr, donné l’occasion d’applaudir des numéros plus variés les uns que les autres. Citons la charmante Luce qui, malgré une vilaine coupure à la base du pouce, a tenu à produire son joli numéro de jonglerie sur le thème de la voyageuse qui attend un train qui n’arrive pas, les Alciati dans deux numéros de classe (productions de colombes et grandes illusions) empreints du rythme et du flamenco espagnols, Patrick Gruss dans le numéro de cow-boy qu’il produit au Parc Disney de Marne-la-Vallée, tous trois présentés par David Alan qui, dans des conditions de scène et de coulisses peu confortables – chapiteau oblige – a su créer et renforcer le lien entre les artistes et le public par des interventions simples et efficaces.

Le gala final, animé par un Sergio toujours en grande forme, pareil à lui-même, respectant… scrupuleusement le timing imparti (toc- toc, boum- boum !), offrit au public de découvrir ou de revoir la magie comique de Mac Ronay Junior qui, bien que lui ressemblant comme deux gouttes d’eau, n’a pas toujours le talent de son illustre père, Julius Frack dans son merveilleux  « act », souvent primé, du tailleur pour dames et les Chefson dans un numéro de main à main où seule la femme est porteuse et de surcroît, contorsionniste… du grand art !

Mais le gala à retenir – et même à recopier par les organisateurs de spectacles futurs – fut celui d’Oz-en-Oisans. Une étonnante soirée sans paroles où seul le geste, le beau geste, celui qui exprime le cœur, toucha l’âme d’un public qui, enfants et adultes confondus, offrit aux trois artistes la seule « standing ovation » de ce Festival 2005.

 Et pour cause… Un Pilou poète qui manipule pièces et cartes à la manière du titi parisien et qui – il faut le souligner – n’a pas peur de passes « casse-gueule » y compris avec des cartes géantes.

 Un Jérôme Helfenstein qui présenta deux numéros : celui qui, dans une atmosphère étrange et parfois écrasante, rejoint les limites de la finitude humaine – un numéro quasiment philosophique où Sartre trouverait sans doute son bonheur, et – véritable révélation de ce 13ème Festival de l’Eau d’Olle – celui qui mélange avec un esthétisme de haut niveau et une subtilité tout en dentelle, les ombres de la main, de ses mains et celles projetées dans un film qui passe sur l’écran. Du rêve à l’état pur et qui est loin d’être un cauchemar, tant il fait naître en nous des sensations qui font vivre.

Bravo, Jérôme ! Un numéro qui non seulement sort des sentiers battus – mais c’est vrai pour tous les numéros déjà présentés par le jeune magicien d’Annecy – mais qui, au-delà d’une recherche et d’un travail technique de haute précision, aide à respirer dans un monde de lasers et de bruits qui tuent.

 A voir absolument au congrès FFAP de Strasbourg. Tout comme l’autre « star » de cette soirée, le mime Patrick Cottet Moine, révélé au monde magique il y a deux ans à la Colombe d’Or de Juan-les-Pins. Il sera aussi à Strasbourg. Impossible de le décrire, tant il est hors normes et tellement bourré de talent au point de nous faire véritablement « voir » le pêcheur au bord de l’eau, l’automobiliste victime du gendarme, la tennisman de Roland-Garros où d’ailleurs et l’étonnant torero au fer à repasser. Sublime ! Que du bonheur ! Comme toute cette soirée du 16 août !

Moment attendu de cette semaine magique, la soirée des Etoiles de la Magie où cinq candidats, sélectionnés et présentés par Luc Parson, occupent la scène et y montrent le meilleur de ce qu’ils font.

Etoile de bronze, Andy, jeune artiste sympathique originaire de la région lilloise, sait bien qu’il doit encore beaucoup travailler pour que le niveau de sa prestation sur scène égale celle de son talent en close-up où il excelle. Davantage à l’aise sur les planches, Manorick présenta un numéro de dessin qui permit au public de voir apparaître sur la toile et puis « en chair et en os », Serge Gainsbourg. Des imperfections dans sa présentation et parfois même dans sa technique, ont empêché Manorick de recevoir une Etoile d’Argent.

Celle-ci a été décernée à un magicien bruxellois de 26 ans, Serge Carpentier, alias Bliss, qui, dans un numéro chinois où l’expression plastique et les arts martiaux sont toujours au rendez-vous, fait apparaître, souvent « à nu », foulards, ombrelles et moult colombes.

Quant à l’Etoile d’Or, elle a été cette année dédoublée puisque deux numéros ont recueilli les suffrages du jury présidé par Mr Patrick Hourdequin, directeur des « Monte-Carlo Magic Stars » de Monaco. D’abord, celui de Désiré Nanji, un magicien de Charleville-Mézières originaire du Cameroun. Son faciès, ses gestes « robotisés » qui rappellent l’attitude du rappeur, la sympathie qu’il suscite dès qu’il entre en scène et de brillantes manipulations notamment de pièces, ont permis qu’il triomphe sur scène comme d’ailleurs en close-up où il remporta aussi l’Etoile d’Or.

Une première pour ce festival, tout comme cette seconde Etoile d’Or catégorie scène attribuée à deux jeunes magiciens liégeois, Denis Stevens et David Valentiny, alias les « Magic Twins ». Avec une pêche et un rythme on ne peut plus soutenu, dans un style – comme on dit aujourd’hui – de « magie décalée », ils ont véritablement mis le feu à la salle. Effets de… feu, routine endiablée d’anneaux chinois, apparitions inattendues et disparitions de colombes, jeu des « dy- lights » en folie, le tout – certes parfois un peu «trop touffu » – sur une musique et une chorégraphie de bon aloi, avec d’originales trouvailles dans la présentation.

Un numéro qui peut sans nul doute être encore amélioré et que l’on reverra avec beaucoup de plaisir dans les congrès. Dans l’attente des décisions du jury, le public a pu applaudir le numéro de ventriloquie et de magie de scène de Stanislas (ne pas confondre avec son homonyme belge !) qui, malgré des effets faciles et son inclinaison à se moquer trop facilement des spectateurs qu’il invite sur scène, a suscité le rire et la bonne humeur dans la salle.

A côté de ces spectacles du soir, notons encore les stages – payants – des Apprentis Magiciens réservés aux enfants et cette année aux adultes (un seul élève adulte malheureusement !), les rendez-vous du Cercle Magique animés par Olivier Prestant et Alain Slim, avec cette année, une excellente causerie de Patrick Hourdequin sur les 20 ans des « Monte-Carlo Magic Stars » et, à chaque fois en plus, un moment partagé uniquement entre magiciens, sans oublier «  la Grande Aventure Magique  », un « rallye » à travers les chemins de montagne qui permit de découvrir les mystères de l’Egypte ancienne.

Une semaine où il y a eu aussi beaucoup d’espaces pour des rencontres conviviales autour d’un bon verre de bière (à des prix très abordables). Mes seuls regrets : un public moins nombreux, des artistes parfois moins performants ou moins connus, et le chapiteau dressé à Villars-Reculas qui ne convenait guère pour des spectacles de scène et qui remplaçait la petite salle dans laquelle les autres années se déroulaient des spectacles de magie de salon où David JarreDavid StonePierre EdernacDavid Coven,Alexandra DuvivierElisabeth AmatoMichaël Vadini et d’autres ont brillé lors des éditions précédentes.

On se réjouit de retrouver cette salle l’an prochain. Ceci dit, je ne peux que vous inviter à rejoindre un jour les magiciens et le public habitués à ce festival : c’est vraiment du bonheur, … comme des vacances.

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