On oublie souvent de dire que la magie est un art DU SPECTACLE.

Il y a les sept arts fondamentaux auxquels se sont ajoutés le cinéma et la bande dessinée, et puis tous les autres arts plus difficilement classables, dont la magie.
Mais tous les arts ont en commun d’avoir des secrets.

Le problème de la magie, c’est que l’on ne DEVRAIT y avoir accès que par des cours avec des maîtres, comme dans tous les autres arts.

L’art du mime, par exemple, ne pourra être pratiqué de façon correcte que si un mime de profession vous en a inculqué les rudiments.

En magie, c’est différent : les secrets circulent par l’intermédiaire des marchands de trucs et de certains livres.

Tant que les marchands de trucs dans leur ensemble respectent les bases déontologiques, les secrets de la magie ont peu à craindre.
Mais nous avons a eu la première chaude alerte avec l’émission télé de Valentino. Étant non diffusée, nous avons évité le débinage à grande échelle. Mais d’autres tentatives sont à craindre et il faudra être vigilant.

Revers de la médaille : un art qui vit trop en circuit fermé se sclérose et finira par mourir. Ce n’est pas le cas aujourd’hui pour la magie. Pourquoi ? Mais d’où viennent donc tous ces jeunes gens qui, en nombre jamais égalé, pratiquent la magie avec un si bon esprit ?

Selon moi, deux magiciens ont une grande part dans ce sang neuf qui irrigue les champs magiques de demain :

Bernard BILIS et Sylvain MIROUF (Gérard MAJAX l’avait fait aussi pour la génération précédente, dont je fais partie). Quoi que l’on fasse, quoi que l’on dise, la télévision restera LE média puissant pour promouvoir quoi que ce soit – la magie ou autre chose.

Quand les magiciens présentés apportent en plus du nouveau, comme c’est le cas avec Bernard et Sylvain, forcément une frange de l’audience télé tombe en passion de la magie, et voilà un paquet de magiciens de plus !

Autre exemple : les boîtes de magie vendues dans les hypermarchés.

Pour 149 F (prix d’un tour de petit paquet !), elles proposent aux enfants 50 ou 100 tours ! C’est scandaleux, n’est-ce pas ? Surtout que bien souvent, les explications sont mal rédigées et les accessoires se cassent à la troisième utilisation !

N’empêche que, quand on demande aux pros d’aujourd’hui ce qui leur a donné le goût de la magie, 9 fois sur 10 c’est grâce à une de ces boîtes offertes par tonton ou pépé.
La vocation naît tôt et en magie, elle ne vous quitte jamais.

Ces boîtes, aussi imparfaites soient-elles, sont le creuset des magiciens de demain. Et voilà comment l’industrie mue par les intérêts les plus mercantiles peut servir un art.

Le troisième millénaire va sans doute accentuer la tendance entamée dans les années 1990. Une chaîne est créée grâce aux techniques de marketing et de communication.

A la base : le goût de la magie. Il est donné par les spectacles, télévisés ou non, et par les relations entre les gens (je te montre un tour, il t’épate, et tu veux toi aussi devenir magicien).

Plus loin : les relais auxquels ont accès ceux qui veulent en savoir plus.

Il est facile maintenant, grâce à Internet, au Minitel et à tous les réseaux d’info divers et variés, d’obtenir l’adresse du club de magie le plus proche ou d’un magasin spécialisé.

En matière commerciale, deux nouveaux vecteurs de proximité se sont créés dans les années 1990 : les camelots (si décriés) et les rayons magie des magasins de jouets. Revenons 15 ans en arrière : ces relais n’existaient pas. Pour passer la vitesse supérieure après la boîte de magie, il fallait vraiment prendre son courage à deux mains. Combien de vocations se sont-elles perdues à cause de ça ?

Aux États-Unis, il y a 5 fois plus d’habitants qu’en France et 10 fois plus de magiciens. Normal, les USA ont établi tout ces relais depuis longtemps. La France ne fait donc que rattraper son retard.

Ceux qui croient que la magie est un art et RIEN QU’UN ART se trompent de siècle. Pour beaucoup, la pratique de la magie est un moyen de s’épanouir comme l’est aussi la peinture sur soie, pour d’autres c’est une thérapie, pour d’autres encore un moyen de vaincre sa timidité. Je doute que plus de 50% des magiciens aient l’impression de pratiquer un art.

L’essentiel, c’est qu’ils respectent le secret.

La première chose à dire à un nouveau venu en magie, ce n’est pas que le magie est un art, mais qu’il faut en respecter les secrets. Partant de là, l’effet artistique découlera de lui-même.

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