Éditeur : Meir Yedid Magic
Année : 2001
Durée
 : 60 minutes
Langue : anglais
Niveau : Moyen / Confirmé
Prix : 26€

Si l’on vous offre un jour « The Restaurant Act », soyez à la hauteur de la situation et jetez cette vidéo à la tête de celui qui vous l’a offerte, sans la défaire de son emballage cela va sans dire.

« Oui mais si c’est un ami ? » m’objecterez-vous.

Rassurez-vous, aucun ami digne de ce nom ne vous ferait un coup pareil. La question ne se pose donc pas.

La colère passée, penchons-nous un peu mieux sur ce que Paul WILSON nous propose lorsqu’il annonce « Présentation, explication, théorie et construction d’une représentation professionnelle en restaurant »…

The Restaurant Act de Paul WILSONTout d’abord, le personnage et tout ce qu’il y a autour. Paul WILSON est face à un public, une table devant lui avec un spectateur à sa droite et une spectatrice à sa gauche et derrière-lui, une cheminée…

Nous sommes donc tout à fait en conditions réelles car comme chacun sait, lorsque nous évoluons en restaurant, il y a rarement quelqu’un derrière nous et en aucun cas nous ne serions assez fou pour accepter de travailler dans un restaurant où il y aurait des tables un peu partout…

La qualité de l’image est bonne, le son est moyen. Paul WILSON est assez monolithique, il parle vite et articule mal, ce qui n’est pas sans poser parfois quelques problèmes quant à la compréhension du texte.

Paul WILSON entame son show avec un public qui l’applaudit déjà à peine est-il arrivé à la table, comme au restaurant donc…

Il commence par l’ultra-classique «vanishing silk», un petit foulard rouge préalablement présenté aux deux spectateurs assis à la table disparaît à vue puis réapparaît tout aussi mystérieusement, à vue également. Fin de la routine.

L’effet est à des milliards d’années lumières de l’excellent «éléphant dans la manche» de Romaric. L’explication de la routine est claire mais pourquoi dissimuler le gimmick de façon à ce que les spectateurs de la table de derrière aient des chances de le flasher ? Deux hypothèses peuvent expliquer cela :

  1. Paul WILSON n’a pas la vidéo de Gaëtan BLOOM sur le sujet.
  2. Paul WILSON n’a jamais vu travailler son excellent homonyme, Greg.

Après cette petite «accroche» des spectateurs – son «vanishing silk», n’ayant pas d’autre prétention à mon avis contrairement à la version de ROMARIC qui en fait une longue et véritable routine à part entière.

Paul WILSON enchaîne avec une routine de balles éponges au cours de laquelle vous avez une chance sur cinq de vous faire surprendre par la table de derrière au cours des différentes charges.

La routine en elle-même est très classique et permet, comme toujours avec les balles éponges, une bonne interactivité avec le public.

Mais encore une fois, Paul WILSON est assez loin des conditions réelles.

Ceux qui pratiquent les balles éponges me comprendront : lorsque vous donnez une balle à un spectateur, lui laissez-vous la balle dans sa main ballante… ? «Dans vos mains, dix ans de magie professionnelle en restaurant […]», ben voyons…

Les explications sont assez claires également et les deux FD de Paul WILSON assez convaincants.

Avec quelques améliorations, cette routine de balles éponges peut éventuellement constituer une alternative à votre propre routine si le public vous en redemande…

Mais en y réfléchissant, je suis sûr que vous faites déjà beaucoup mieux.

Paul Wilson nous propose ensuite une carte ambitieuse.

Présenté de façon classique – du moins pour moi qui n’ai pas une connaissance encyclopédique sur le sujet – l’effet est ensuite combiné à une prédiction.

Le magicien fait choisir une carte au spectateur assis à sa droite puis une autre à la spectatrice assise à sa gauche.

Bien entendu, les deux façons de procéder sont radicalement différentes sans que cela ne choque personne… Passons.

La carte choisie par le spectateur ne cesse de remonter sur le dessus du jeu lorsque le magicien la remet au milieu du paquet.

L’effet présenté plusieurs fois, on passe à la carte choisie par la spectatrice, celle-ci ayant fait l’objet d’une prédiction dissimulée dans la poche intérieure de la veste du magicien.

La prédiction est un petit gag nécessitant un gimmick tandis que la carte choisie par le spectateur se retrouve dans le portefeuille du magicien.

Je vous renvoie aux articles publiés sur le sujet par Mathieu JUGES et Didier LADANE.

Ce n’est certainement pas l’effet du siècle, mais ces deux routines combinées permettent de motiver la main à la poche intérieure avec une misdirection psychologique assez forte (on oublie tout à fait l’ambitieuse dès que l’on entre dans le gag).

Mais encore une fois, lorsque vous prédisez un 10 de Trèfle à une table, faites-vous la même prédiction aux dix autres tables autour…

Tout est certes construit dans ce show pour pouvoir enchaîner directement à une autre table mais à ce point… Enfin, l’effet est honnête mais sans plus.

L’explication de l’ambitieuse est un rien bâclée, quant au SDC employé au cours de la routine, il n’est pas expliqué juste montré.

Pour finir, Paul WILSON nous propose une routine de gobelet, de chop-cup, plus précisément.

L’idée est bonne et certainement à creuser car le manque de place sur les tables dans les restaurants à conduit les magiciens à ne plus faire de routines de gobelets (qu’il fallait aussi trimbaler sur soi…).

Pour cette routine, nous avons besoin d’un chop-cup, de deux muscades et de deux citrons. Le chop-cup ne prenant pas plus de place qu’un verre sur la table, le problème du manque de place est balayé d’un revers de main.

La routine est prétexte à un jeu avec les spectateurs puisqu’une muscade semble disparaître de la main du magicien pour réapparaître dans l’autre ou sous le gobelet posé à l’envers sur la table auquel personne n’a touché depuis le début de la routine, etc.

Au final, lorsque la spectatrice est certaine que la muscade n’est pas sous le gobelet, Paul WILSON soulève ce dernier et fait apparaître un citron.

Ébahie, la spectatrice n’en croit pas ses yeux et finit par tomber par terre lorsqu’un deuxième citron apparaît sous le gobelet.

Nous touchons enfin vraiment le fond du problème en ce qui concerne cette vidéo. L’auteur veut nous faire croire que tout cela est réalisable en restaurant mais cela semble assez difficile, notamment lorsque l’on doit charger un citron sous un gobelet de la façon dont le fait Paul WILSON.

Les spectateurs de votre table ne vous poseront aucun problème durant cette routine mais ceux des  tables alentours qui auront jeté un œil sur vous de temps en temps ne manqueront pas de vous parler du citron avant même que vous n’ayez dégainé votre petit foulard rouge… Merci Paul.

Paul WILSON nous prodigue ensuite de nombreux conseils concernant le travail en restaurant durant à peu près… vingt minutes !

Un tiers de la vidéo !

Vingt longues minutes pour entendre des conseils du type «si le public d’une table n’est pas intéressé par ce que vous faites, n’insistez pas, finissez-en rapidement et passez à la suivante» ou encore «si un soir tout va mal, cela arrive, ne désespérez  pas cela ira mieux la prochaine fois, […] Keep positive […] enjoy your magic » …

C’était comment déjà, «Présentation, explication, théorie et construction d’une représentation professionnelle en restaurant ». Tu repasseras.

Il y a ensuite un «bonus effect» sympa au cours duquel un spectateur choisit une carte parmi un jeu à dos bleu, c’est la seule à dos rouge.

Une carte gimmick, un peu de manip et le tour est joué. Je n’en dis pas plus, je suis énervé.

Conclusion

Evidemment, il ne faut pas acheter cette vidéo même si l’on peut y piocher une ou deux idées et encore.

Cela étant dit, si vous souhaitez vraiment construire une solide représentation en restaurant avec routines, théorie du table en table, psychologie et approche des spectateurs en béton armé, précipitez-vous sur l’excellent  «Impact» de Romaric.

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