De Shoot OGAWA :
Accessoire Infinity V2 Infinity Productions – Trick
Divers The Dance Brian Platt – DVD
Dvd Charming chinese challenge / Troy Hooser
Dvd Charming Chinese Challenge Troy Hooser –
Dvd Cultural Exchange Vol 1 Apollo and Shoot –
Dvd Cultural Xchange Vol 2 : America’s Most Wanted Apollo and Shoot –
Dvd Cultural x change volume 1
Dvd Ninja + Matthew Garrett
Dvd The Ninja Ring
Dvd The Ninja rings
Dvd Laws of Attraction Shoot Ogawa –
Dvd Linking Rings Shoot Ogawa and Fantasma Magic –
Dvd Ninja + Volume 3 Matthew Garrett –
Dvd Ninja Rings Shoot Ogawa –
Dvd Ninja+ 1 & 2 Matthew Garrett –

Nous devons remercier le toujours dynamique magasin de magie CLIMAX, situé près de LILLE, pour avoir contribué à faire venir le jeune et brillant magicien japonais Shoot OGAWA chez eux, et de nous avoir ainsi fait profiter d’une conférence au contenu passionnant !

L’objet de sa conférence n’était pas de montrer des trucs, mais d’expliquer sa façon de penser la magie. Je ne détaillerai pas ici les effets présentés, dans la mesure où ils ont très bien été repris sur le site par Cyril dans son compte-rendu : « Conférence de Shoot OGAWA à St Martin de Crau le 23/03/07 ».

TOUR ET MAGIE

Shoot OGAWA ne parle pas de tours mais de magie. Pour lui, ce qui est important, ce n’est pas le support magique. Qu’il s’agisse de cartes, de pièces ou autres objets, peu importe : l’important, c’est la façon dont on va offrir la magie au public. On transforme alors ce qui n’est qu’un truc, une énigme, en véritable magie.

EVOLUTION DE L’APPRENTISSAGE DE LA MAGIE

Pour Shoot OGAWA, on peut progresser plus vite qu’avant. Ce n’est pas l’être humain qui a évolué, ou qui est de plus en plus fort, mais ce sont les techniques d’entraînement qui ont évolué. Il donne le cas des sportifs, qui sont mieux formés, mieux conseillés et mieux entraînés qu’avant.

Il illustre son propos à travers une problématique tirée des anneaux chinois : comment positionner idéalement l’ouverture de l’anneau, lorsqu’elle est sous le petit doigt ? Il a mis des années d’entraînement avant de découvrir -ou d’apprendre- que la distance entre l’ouverture et le petit doigt correspond à l’épaisseur d’une carte à jouer. Il nous en a fait la démonstration, en formant l’un des spectateurs en quelques minutes seulement à cette technique !

Autre exemple, toujours lié aux anneaux chinois : il pose un anneau sur la table, verticalement, et le fait tourner sur lui-même. Il prend un second anneau, et l’enclave d’un geste sûr à travers l’anneau en rotation. Il y a quelques années, il avait passé un temps considérable à maîtriser cette technique, avant de réaliser qu’il faut taper sur l’anneau en rotation non pas sur le dessus (car l’ouverture de l’anneau supérieur est trop loin de l’anneau du dessous), mais en baissant le coude, pour rapprocher au maximum l’ouverture de l’anneau inférieur : l’enclavement est alors bien plus aisé.

Sur ce sujet des progrès dans l’apprentissage de la magie, permettez-moi de citer un extrait de l’excellent ouvrage «Tours de cartes modernes », dans lequel John Northern HILLIARD écrivait en 1969 (p. 27): « Je connais peut-être une douzaine de manieurs de cartes qui peuvent sortir un jeu neuf de son étui et avec huit mélanges à la queue d’aronde parfaits le ramener dans son ordre initial ». Autrement dit, à cette époque, une sommité telle que John Northern HILLIARD ne connaissait que 6 cartomanes capables d’exécuter huit Faros…

Il précisait d’ailleurs que « demander au lecteur de faire un mélange parfait équivaudrait à lui demander d’accomplir un des travaux d’Hercule » ! Actuellement, ce serait plutôt un des travaux d’Hercule que de compter le nombre des « manieurs de cartes » qui savent réaliser des mélanges parfaits. Cette petite digression conforte les propos de Shoot OGAWA sur les progrès effectués dans l’apprentissage de la magie.

FACILITE D’EXECUTION ET DEXTÉRITÉ

Le plus important n’est pas ce que fait le magicien, mais ce qu’en perçoivent les spectateurs : on peut faire un tour avec des techniques exceptionnellement dures à exécuter, et simples en apparence : le spectateur aura alors l’impression que c’est techniquement facile.

Ou plutôt, on peut faire un tour techniquement simple, mais en donnant l’impression au spectateur qu’il est très difficile à réaliser. Tout dépend qui il s’agit de satisfaire, le spectateur ou le magicien, précise Shoot OGAWA… Et pourtant, il n’est pas un partisan du moindre effort, bien au contraire ! Il nous a vraiment impressionné tout au long de sa conférence par des techniques complexes et parfaitement maîtrisées.

Si Shoot OGAWA est un virtuose hors pair sur le plan technique, il a une prédilection pour les méthodes simples, comme en témoigne sa routine de dés à coudre. Après nous l’avoir présentée, il nous a demandé si nous pensions qu’elle nécessitait une grande dextérité. Ce à quoi tout le public de magiciens a répondu d’une seule voix que c’était l’impression que cela donnait : Shoot OGAWA nous a alors dévoilé les passes -simples- qu’elle demandait.
Il nous a ainsi révélé que sa créativité dans cette routine résidait, non pas dans la technicité employée, mais dans la combinaison de gestes simples, et dans l’esthétique des déplacements des mains. Le résultat final n’est plus un truc, du genre : « Je mets un dé dans ma main, j’ouvre la main, il a disparu ». Au contraire, c’est ensemble complexe qui produit de la magie.

Une précision au passage : quand Shoot OGAWA parle de technique simple, elle ne souffre d’aucune médiocrité dans l’exécution : ses gestes sont précis et sûrs. Certaines de ses routines s’apparentent à des katas, du fait de ses gestes millimétrés et précis.

Un tour facile à exécuter doit donc donner l’impression d’une grande dextérité, dextérité étant entendue non pas comme une capacité à réaliser des manipulations difficiles, mais comme une capacité à donner l’impression que le magicien exécute des effets si difficiles qu’ils en sont impossibles, et donc magiques.
A travers un tour de cartes, Shoot OGAWA donne l’exemple du fait de s’échauffer les doigts pour montrer qu’on va faire quelque chose de très complexe sur le plan technique : à l’exécution, le mouvement magique est parfait sur un plan visuel pour le spectateur, car en réalité il ne comprenait aucun mouvement technique! Parfois, il jauge aussi l’épaisseur du jeu de cartes, effeuille 2 fois les cartes pour les assouplir : là encore, il accentue aux yeux des spectateurs une difficulté qui n’existe pas.

 NOUVEAU TOUR OU NOUVELLE TECHNIQUE

On peut tromper quelqu’un qui connaît le truc d’un tour, en utilisant une autre technique, ou en utilisant une technique d’une autre façon. Par exemple, Shoot OGAWA a trompé John CORNELIUS, qui a popularisé la passe au muscle pour les pièces, en l’employant non pas verticalement, mais en projetant la pièce dans sa pochette. John CORNELIUS ne se serait alors pas douté que sa propre passe était employée pour réaliser ce tour.

 QUAND LE SPECTATEUR CACHE LE TRUC

Shoot OGAWA ne se considère modestement pas comme un grand spécialiste des cordes : pour en apprendre les techniques, il conseille de se référer aux ouvrages de TABARY. En revanche, il se considère comme un bon «entertainer » avec des cordes, dans la mesure où, pour lui, une routine n’est pas importante : ce qui est important, c’est notre façon de la penser.

A ce sujet, dans sa routine de cordes, il fait apparemment serrer dans son poing au spectateur les 2 extrémités d’une corde. En réalité, il fait tenir en plus dans la paume du spectateur un petit morceau de corde dissimulé. De la sorte, le secret du prochain tour est caché dans la main même du spectateur, ce qui laisse à Shoot OGAWA tout loisir pour réaliser préalablement de la magie avec la partie apparente de la corde.

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RÉFLEXIONS SUR LE CADRAGE (« FRAMING»)

Shoot OGAWA a profité de sa conférence pour développer sa théorie du cadrage (« framing »).

Pour lui, nos yeux peuvent zoomer, c’est-à-dire qu’ils peuvent embrasser une étendue très vaste ou au contraire se focaliser sur un espace très petit.

Quand les mouvements du magicien sont trop amples, les spectateurs ne peuvent pas suivre le déroulement d’un tour, ou, pis encore, ne peuvent pas appréhender l’effet magique au moment où il se produit. Par exemple, s’il y a trop de distance entre le point de départ et le point d’arrivée de la main, le spectateur se dit qu’il a dû se passer quelque chose entre les deux positions dans l’espace.
ll faut donc « faire petit », c’est-à-dire concentrer la vision du spectateur sur la zone la plus réduite possible : autrement dit, il faut la cadrer sur un espace réduit au moment où la magie va se produire. Ainsi, elle sera d’autant plus impossible à démonter que l’attention du spectateur était focalisée à l’endroit précis où elle se déroulait. Il ne pourra pas se dire rétrospectivement que son attention a été distraite par de la « prestidigitation », dans le sens originel où la main était plus rapide que l’œil.

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A ce sujet, Shoot OGAWA reprend l’effet de sa routine de cordes décrit ci-dessus, et qu’il exécute de 3 façons différentes :

  1. D’abord, avec un mouvement très ample de son bras
  2. ensuite, avec un mouvement plus court
  3. enfin, sans que ses mains bougent : ce sont celles du spectateur qui se déplacent, révélant l’effet magique.

Pour lui, dans cet exemple, les solutions techniques sont de mieux en mieux. Dans la solution 1, le spectateur est distrait au moment de l’effet, par un agrandissement spatial du cadre : ce cadre est en effet délimité par les distances entre les mains du magicien. Il s’élargit donc avec l’espacement grandissant entre ses mains. La solution 2 est nettement meilleure : le spectateur garde toute sa concentration sur l’espace plus petit dans lequel s’opère la magie. La solution 3 est idéale : les mains du magicien ne bougent pas, puisque ce sont celles du spectateur qui sont en mouvement.
Le cadre à l’intérieur duquel opère la magie est statique, puisque les spectateurs sont concentrés sur les mains du magicien, et non sur celles du spectateur qui l’assiste. Et c’est dans ce cadre réduit et immobile que la magie se produit. Conclusion : plus le cadre est petit, plus le miracle est grand !

Cette conception du cadrage l’a amené à revoir sa conception de la technique, comme en témoignent ces deux exemples :

Anneaux chinois

Avant sa conception du cadrage, Shoot OGAWA faisait un geste assez ample pour cogner les anneaux l’un contre l’autre, avant l’enclavement. Maintenant, il les cogne à plusieurs reprises dans un geste très bref, et à quelques millimètres seulement de distance, toujours pour réduire le cadre au moment de l’effet.

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Levée double

Après avoir réalisé la levée double et retourné la double carte du dessus face en bas sur le jeu, il est usuel de prendre la carte supérieure, de la déplacer jusque sur la table, et de la retourner alors face en l’air pour montrer qu’elle a changé de valeur. Pour Shoot OGAWA, dans l’esprit du spectateur, il s’est passé « quelque chose » durant le déplacement de cette carte, depuis le jeu jusqu’à la table : le regard du spectateur ne manque pas alors de se reporter sur le jeu, montrant ainsi qu’il a une idée, aussi floue soit-elle, de la méthode employée.
Pour éviter cette suspicion, qui perturbe l’effet magique, Shoot OGAWA a donc modifié sa présentation de la levée double : après avoir retourné face en bas la carte double sur le dessus du jeu en main gauche, la main droite intervient pour immobiliser cette carte sur place. La main gauche emporte alors tout le reste du jeu sur la table: c’est donc le jeu et non la carte supérieure qui se déplace. Shoot OGAWA retourne alors, sans la déplacer, la carte seule. Le résultat final, pour le spectateur, est une transformation magique sur place de la carte, et non une carte qui change de valeur selon qu’elle soit placée sur le jeu ou sur la table. L’impossibilité de la transformation est donc renforcée par un cadrage très serré.

COMMENT RENFORCER UN EFFET MAGIQUE

Pour expliquer comment renforcer un effet magique, Shoot OGAWA prend le cas de l’enclavement des anneaux chinois.

Pour lui, présenter 2 anneaux et en réaliser l’enclavement de façon silencieuse, c’est présenter un truc.

Au contraire, pour renforcer l’effet, il joue sur nos sens visuel et auditif, à travers des contrastes sonores et visuels, et cela en 5 phases :

  1. il fait d’abord tournoyer l’anneau sur lui-même, pour attirer l’attention de l’œil du spectateur
  2. puis, il choque les 2 anneaux l’un contre l’autre, jouant ainsi sur le registre sonore
  3. il marque alors une pause sonore et visuelle : par son immobilité, il réalise un contraste avec les deux premières phases (mobilité des anneaux et tintement)
  4. il réalise l’enclavement de façon silencieuse (mobilité), avec un mouvement très court (cadrage)
  5. il lâche l’anneau pour marquer l’enclavement, ce qui produit un son (mobilité et tintement)
  6. Cet exemple très simple synthétisait à lui seul la conception de la magie par Shoot OGAWA.

Ce à quoi on pourrait ajouter, avec John Northern HILLIARD (p.441) : « En magie, un gramme de suggestion silencieuse vaut des kilos de conversation »

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Merci à Michel FONTAINE pour la relecture et Bigfoot pour la mise en page.

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