Je voudrais rajouter certaines précisions sur l’Histoire de la Mnémotechnie que j’ai publiée sur le site Virtual Magie pour les périodes suivantes : le Moyen Âge, la Renaissance et le dix-septième siècle.

Saint Thomas d’AQUIN
Saint Thomas d’AQUIN

On sait que les scolastiques au Moyen Age, continuateurs d’ARISTOTE, (Albert le Grand et son disciple Saint Thomas d’AQUIN au XIII ème siècle) faisaient usage de tables mnémotechniques et le Grand art (1272) de Raymond LULLE contient des tables synoptiques fondées sur les principes de cet art qui prit, à cette époque, le nom d’Ars Lulliana.

Cependant, si la mnémotechnie ne fut pas entièrement négligée dans le Moyen Âge, elle fit peu de progrès jusqu’au XIV ème siècle.

Ce fut Thomas BRADWARDINE, chancelier de l’université d’Oxford et confesseur d’Édouard III, qui conçut le premier chez les modernes, l’idée de construire un système mnémotechnique sur les principes des anciens.

Thomas BRADWARDINE
Thomas BRADWARDINE

Son Ars memorativa (1325) n’a jamais été livré à l’impression  mais on a publié l’Ars memorativa de PUBLICIUS qui, pour soulager la mémoire, rattache les idées non seulement aux lieux mais encore à des images.

Cet ouvrage, qui vit vraisemblablement le jour vers 1482, fut une source d’inspiration importante pour tous ceux qui, après lui, s’occupèrent de mnémotechnie.

De ceux-ci fut Pierre de RAVENNE, professeur de droit-canon à Padoue ; dans son Foenix publié en 1491, il recommande, comme excellent moyen mnémotechnique, un alphabet où les lettres sont remplacées par de belles jeunes filles, en assurant qu’il l’avait employé lui-même avec le plus grand succès (vous pouvez voir sa biographie dans cet article de mon blog).

Le Congestorium artificiosae memoriae de Romberch de KYRSPE, qui vivait vers 1533, tente une synthèse des sources antiques et médiévales mais propose aussi de nouvelles applications comme retenir l’ordre des cartes à jouer pendant une partie de cartes.

On y trouve plusieurs alphabets, dont l’un est emprunté aux différentes parties du corps humain.

Guillaume GRATAROLI DE BERGAME
Guillaume GRATAROLI DE BERGAME

Guillaume GRATAROLI DE BERGAME revient, au contraire, au système topologique des anciens, dans son ouvrage intitulé Le Castel de mémoire, composé en 1554.

Ce traité a été traduit en français par Estienne COPPE et publié à Lyon en 1586.

En 1591, cinq ans plus tard paraît à Francfort le livre de Giordano BRUNO, De imaginum, signorum et idearum compositione (avec une partie dédiée à la mémoire).

Un autre Italien, le prêtre MARAFORTI, publie, en 1602, un Ars memoriae, où il copie le système de ROMBERCH, tout en le simplifiant beaucoup.

Ars memoriae de Lambert SCHENCKEL
Ars memoriae de Lambert SCHENCKEL

La même année, est imprimé à Naples l’Ars reminiscendi de Baptiste PORTA qui invente un alphabet tiré des différentes postures du corps humain. Son système a moins de succès que celui de Lambert SCHENCKEL, fils d’un apothicaire de Bois-le-Duc, qui publie en 1610 son Gazophylacium artis memoriae, où il explique sa méthode, une méthode très complexe.

Le Magasin des sciences ou le vrai art de mémoire (lisible ici) édité à Paris en 1623 par LE CUIROT est en fait une traduction de cet ouvrage de SCHENCKEL.

Quoi qu’il en soit, la célébrité que s’acquit SCHENCKEL fut un aiguillon nouveau pour les inventeurs de systèmes mnémoniques.

On vit paraître, à peu d’années d’intervalle, le Simonides redivivus d’Adam BRUXIUS à Leipzig en 1610, l’Ars memoriae de RAVELLINUS à Francfort en 1617, la Mnémonique de John WILLIS en 1618 à Londres et un Ars memoriae localis de TORRENTIUS en 1620 à Leipzig.

Nous ne nous arrêterons pas à l’Ars memoriae composé en 1651 par HERDSON, qui ne fit que copier WILLIS, au Traité de la mémoire artificielle ou l’Art de Raymond LULLE (Lyon, 1654) de Jean BELOT, à l’Ars magna sciendi (Amsterdam, 1669) de KIRCHER, ni même au Divin art de mémoire de John SHAW, où se retrouvent les anciens systèmes légèrement modifiés, mais nous devons mentionner la Pratique de mémoire artificielle (Paris, 1719-23) de Claude BUFFLER, qui a resserré dans des vers techniques les principaux évènements de l’histoire et surtout L’Art de le mémoire de Marius d’ASSIGNY (Londres, 1697) qui renferme d’excellentes observations, ainsi que des recettes pour fortifier la mémoire.

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