Maintenant, ça suffit, rhabillez-vous !

Votre femme, vos enfants, votre père, votre mère ou votre chien (au choix) pourrait rentrer et vous aurez du mal à lui expliquer que vous êtes en train de travailler votre magie (pourtant…).
On va désormais essayer de bosser sur la posture, c’est-à-dire votre démarche, votre gestuelle, votre tenue corporelle globale.

C’est là un des écueils que doit surmonter le magicien puisque la magie, dans certains tours, fait appel à une gestuelle précise.

Difficile, en effet, de faire partir correctement quelque chose au topit si la gestuelle de votre personnage est très lente voire carrément statique. Mais ne mettons pas la charrue avant les bœufs, il faut d’abord se créer une attitude corporelle crédible en rapport avec le personnage que l’on veut créer.
Cette attitude dépend de nombreux paramètres : les réponses aux questions du « qui suis-je ? », le mode de jeu choisi, la magie que vous voulez pratiquer sont ces principaux paramètres.

Les questions du « qui suis-je ? » : vous êtes seul à avoir les réponses. Mais si vous vous êtes choisi un personnage plutôt âgé, il est sûr qu’il ne vaut mieux pas sautiller sur scène toutes les deux minutes et avoir un débit de parole façon Joey Starr sous amphétamines.

Vous préférerez travailler la façon dont le dos est voûté, la démarche lente et la parole emprunte d’une grande sagesse. Chacune de vos réponses vous donne des indications, déterminez si vous êtes rapide, comment se tiennent votre bassin, votre torse, votre tête et devenez votre propre sculpteur. Faîtes-vous une attitude, marchez et parlez avec cette attitude et allez vérifier face au miroir si cela est crédible.

Il y a aussi un exercice sympa à faire si vous travaillez à deux : donnez à l’autre le maximum d’information sur qui est votre personnage et demandez lui de vous sculpter à partir de ce que vous lui avez dit.

Vous restez sans bouger, neutre, et l’autre vous manipule, lève votre bras, baisse votre tête et vous fait prendre telle ou telle expression que vous gardez au fur et à mesure (comme un automate).

Inversez et c’est alors à vous de le sculpter tel que VOUS voyez votre personnage, cela vous donnera du recul par rapport à celui-ci en le visualisant sur le corps de quelqu’un d’autre. Vous pouvez ensuite refaire le même exercice avec le personnage de votre compère.

Le mode de jeu

On l’a vu, il est possible de jouer tragique, énigmatique, comique, etc.…
Votre posture doit s’adapter à votre style de jeu.

Dans un mode humoristique, un personnage de grand-père peut tout à fait péter les plombs et faire une cabriole d’acrobate, on l’acceptera d’autant plus que cela fera rire à cause du décalage entre les capacités normales d’une personne âgée et la prouesse physique créée par la situation dans le spectacle.

Vous devez en tout cas, faire corps avec votre personnage et le contexte dans lequel il évolue (cf. Qui-suis-je ?). Cherchez le style de votre personnage, sa vitesse et toute autre chose qui le rendra présent physiquement, qui lui donnera du charisme aussi.

Servez-vous de vos 6 sens. Oui, 6 ! Notre sixième sens a été très sérieusement découvert dans les années 70 par le docteur Oliver Sax, il s’appelle « la prégnance » et c’est la faculté que nous avons à nous repérer dans notre propre corps. Pour « sentir » ce sens, fermez les yeux et tendez l’index de la main droite droit devant vous.

Essayez maintenant de toucher l’ongle de l’index de la main droite avec l’auriculaire de la main gauche. Comment y êtes vous arrivé puisque vous aviez les yeux fermés ? Grâce à la prégnance !

Ne négligez pas ce sens, il vous permet de savoir comment est votre corps dans l’espace, ce qui est un peu important quand même si vous voulez vous montrer sur scène.

Travaillez ce sens les yeux fermés en faisant une série d’exercices simples : se taper dans les mains, sur les cuisses, toucher rapidement n’importe quel point du corps avec les doigts en enchaînant les touchers rapidement, etc.

Votre magie

Suivant la magie que vous souhaitez employer, la posture peut se révéler un atout ou un inconvénient. Un personnage très droit qui à une posture et un maintien des bras trop raide peut être handicapant pour certaines mises au topit par exemple. En revanche, si votre personnage est un timide, toujours en train de se toucher, de remettre en place son col, sa cravate, d’essuyer ces mains sur son pantalon cela peut faciliter d’autant les charges.

Intégrez votre magie à votre posture, pour cela, repérez vos gestes les moins clean, les plus louches et faites en des tics que vous allez reproduire dans l’attitude de votre personnage. En bref, faîtes de la magie même lorsque vous n’en faites pas.

 >>> Lire la suite : Le travail du magicien vers le jeu théâtral : Le Rythme

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Merci à Bruno SANVOISIN pour la relecture.

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