Cette étude s’intéresse au processus de la magie et constitue une approche subjective.
Il ne s’agit pas de proposer un modèle unique mais de partager avec vous mes propres expériences et perceptions à travers différents éclairages. Ce sont des pistes de réflexions et des stratégies qui ont permis une réévaluation constante de ma pratique et son évolution. Je souhaite les partager avec vous et qu’elles puissent vous inspirer en fonction de vos expériences et sensibilités.

Localisation : Montréal (Québec)
Age : 37 / apprenti magicien depuis 24 ans
Profession : Magicien Fantaisiste (ex-magicien)
Spécialité en Magie : Le divertissement.
Influences Magiques : Juan Tamariz, Gaëtan Bloom, Ascanio, Paul Harris, Dai Vernon, Marlo, Mimosa, etc… (il y en a beaucoup)
Influences Diverses : Ionesco, Stanislavski, Cirque du soleil, La Bande
Déssinée.
Débuts : Débute lamentablement en normandie à l’âge de 14 ans dans une Kermesse d’école aprés avoir lu quelques livres sur le sujet… Passage éclair en 1984 au Club Med de Bora-Bora après son armée… Essai magique infructueux pendant 1 an en Martinique en 1985 à 1986…
Temporairement à Nice en 1987-1988 s’incrivant pour la premiere fois
dans une association de magicien (AFAP) et faisant la connaissance de
Jean-Pierre Vallarino et de ses éleves… Disparait fin 1988 au Québec en
espérant faire fortune…
Pendant plus de 10 ans à fait l’aller-retour Montréal-Monte-Carlo (Cabaret du Casino de Monte-Carlo dec 1989, jan 1990, mars 1991, fev 1992, dec 1993, fev 1994, mars 1995, mars-avril 1998 -Sporting club de Monte-Carlo juil 1991, 1994, août 1995-1996-1997).
– 1er Prix de Magie Montréal 1996
– Grand Prix de la Colombe d’or 1998
– Prix de la SBM au Monte-Carlo Magic-Stars 2000.
Passions : Les femmes mais surtout la mienne, la Magie, le Gambling (technique), faire des tours de magie virtuel en Flash 5
Gros défauts : Déteste être habillé comme un “Fonctionnaire” dans ses
spectacles.

Un même spectacle ne crée pas nécessairement des résultats identiques en toutes occasions. En effet, la composition du public, différente pour chaque spectacle, et l’interaction qui s’opère entre lui et le magicien établissent des comportements spécifiques.

Existe-t-il une structure magique identifiable qui sous-tend la communication établie entre le magicien et le public ? Parfois le spectacle opère un changement d’état chez le spectateur qui rit, s’émeut, applaudit… On peut dire que chacun perçoit un même spectacle avec sa subjectivité propre.

Ainsi, prenons l’exemple d’une boule excelsior, dont une moitié est de couleur rouge et l’autre de couleur blanche. Posons cette boule au milieu d’une table carrée et plaçons des amis autour ; leur perception de cette même boule sera différente. Les uns ne verront que la partie blanche, les autres la partie rouge et certains la partie mixte rouge et blanche.

En effet, le divertissement n’existe qu’à travers la construction élaborée par chacun en fonction de son expérience. En tant que magicien, comment puis-je intervenir pour créer un changement ? Avec l’expérience, la qualité des tours, l’intuition, l’adaptabilité; une véritable boîte à outils qu’il convient de toujours compléter, épurer et réévaluer.

 

MAGICIEN – SPECTATEUR

A la base de l’acte magique, figurent la communication verbale et gestuelle. Impossible de ne pas communiquer, influencer, manipuler aux sens propre et figuré. Il me semble important et même fondamental, d’instaurer un climat de sympathie entre le magicien et son public.

Ceci peut être plus ou moins rapide : explosion, apparition, éclair ou  présentation plus formelle. Il est tout aussi important de faire valoir sa compétence, de convaincre le spectateur que je suis un “vrai”, un “bon” magicien, afin qu’il se sente en confiance et ouvert à l’expérience… qu’il s’amuse et moi aussi. En plus de s’entraîner constamment à son art, comment le magicien peut-il développer ces qualités ? Peut-être en fréquentant des gens de tous âges, de tous milieux et de cultures variées. Peut-être en se faisant des amis malgré toutes ces différences lui sera-t-il plus facile de comprendre et de s’adapter à n’importe quel public.

 Congruence

Il est important d’établir un rapport juste entre le verbal et le non-verbal. Comme on le sait, ce sont souvent les premières secondes, les premiers gestes ou les premiers mots qui, pour le public, sont déterminants et lui donnent une opinion favorable ou défavorable. Être congruent ou incongruent consiste à utiliser les bons moyens pour donner une image juste de soi, l’impression la plus positive, qu’il s’agisse de magie classique ou comique.

Il est utile de faire la distinction entre moi et mes comportements de magicien.

Le magicien existe en dehors de ses comportements.

Exemple: Si je fais un tour de magie stupide, ça ne signifie pas que je suis stupide. Il est important de faire une distinction entre ce que je fais et qui je suis. Toutefois, dire que je ne suis pas ma magie ne signifie pas que je me dégage de toute responsabilité vis-à-vis de cette dernière. Je demeure responsable en partie de son succès, de son échec et de sa qualité.

La loi de la variété est requise

Le tour ou le spectacle que je présente est le meilleur choix pour le public

“Plus on a de choix, mieux c’est”. Il est trop facile de penser que le meilleur choix est celui que je connais déjà. Pourtant, pour bien réussir un spectacle, il est souhaitable de disposer d’un grand nombre de possibilités et surtout de savoir y puiser au bon moment et de façon spontanée. Facile à écrire, plus difficile à réaliser.

Exemple concernant le rassemblement d’as :

Fu MANCHU converse avec ASCANIO :

 – “Arturo, sais-tu que Dai VERNON connaît au moins 65 méthodes pour réaliser cet effet”. – “Alors je baptiserai mes deux variantes version 66 et 67”. (Notes de conférence d’ASCANIO).

J’ai beaucoup de respect pour cette attitude de curiosité et de recherche qui permet une adaptabilité toujours accrue. En outre, le fait de parler plusieurs langues, de pratiquer différentes magies (close-up, magie de rue, mentalisme, comédie, illusion) donne la possibilité de travailler davantage.

Le magicien adapte son spectacle à un contexte donné.

Le spectacle ou les comportements du magicien devront s’adapter au contexte ou à l’environnement dans lequel il se produit. En effet, si je fais un même tour de magie à un ami à la maison, au Sporting-club de Monte-Carlo ou dans une discothèque à 2h du matin, l’approche sera différente (attitude, langage, tenue vestimentaire). D’autre part, si je fais un spectacle pour un public qui a payé pour voir du mentalisme, l’attention du public sera à son meilleur.
Par contre, si je fais le même spectacle pour une compagnie lors d’une soirée de gala, je ne devrais pas m’attendre au même type d’attention. En effet, les invités n’ont pas choisi ce spectacle et peuvent avoir d’autres attentes, comme converser, boire, danser, etc. Dans ce cas,  le spectacle doit sa survie à la capacité d’adaptation du magicien à condition qu’il soit capable de faire le deuil d’un comportement et d’une magie préétablis et de s’ouvrir à la recherche de l’attitude juste.

Avoir  un objectif

La conscience d’un objectif donne l’intention, le vouloir, la motivation. En ce qui me concerne,  je souhaite vivre de ma passion qui est la magie, avoir du plaisir avec un public, faire rire et mystifier. Avant tout, je fais de la magie pour moi et pour mon plaisir. Pour d’autres magiciens, un objectif sera de faire de l’argent avec la magie, de gagner des concours ou d’être une vedette. Bien que différents, ces objectifs sont sources de motivation et d’action.

Quel que soit l’objectif visé, essayons de prendre des moyens habiles et efficaces.

Exemple vécu : Je souhaite passer à la télévision alors qu’un magicien a déjà sa propre émission. Pour ne pas répéter ce qui existe déjà, les autres chaînes ne veulent pas engager  de magicien. Je me présente alors comme un spécialiste de la triche (ce qui est exact) pour la détection des tricheurs dans les casinos. En changeant d’étiquette, de magicien à tricheur, les chaînes concurrentes sont intéressées et, une fois sur place, à chaque émission je glisse subrepticement que je suis aussi magicien et le “tour” est joué. J’ai atteint mon objectif (de passer à une émission de télévision) en prenant un autre chemin. Il s’agit d’un  exemple ou le fait d’avoir plusieurs cordes à son arc constitue un atout.

Un échec ou bide peut être considéré comme un feed-back.

On peut utiliser un échec pour modifier l’état d’une situation et améliorer sa magie. ROUSSEAU a écrit : “Les ténèbres de l’ignorance valent mieux que la fausse lumière de l’erreur”. Mais, je ne partage pas cette opinion, car l’erreur est un facteur essentiel de l’apprentissage.

“Si vous fermez la porte à toutes les erreurs, la vérité restera dehors”, disait R. TAGORE. L’erreur est un feed-back et le feed-back est ce qui permet de s’ajuster par des corrections qui sont les jalons mêmes de l’apprentissage. Mais attention, il ne faut pas confondre erreur et bêtise. La bêtise ne sait pas profiter de ses erreurs. Par exemple, si je fais un spectacle de magie comique et que le public ne rit pas, il s’agit d’un échec ; mais j’ai pu commettre cette erreur par manque d’information.

Par contre, si ceux qui m’engageaient m’avaient précisé que le public en question aimait l’humour raffiné et que j’ai fait de l’humour trivial, c’est de la bêtise ; dans ce cas, je doute fort que l’on puisse en tirer quelque profit.

Observer et recueillir de l’information

Selon moi, une magie efficace repose d’abord sur l’observation. En effet, observer, c’est être attentif, décoder. Il est important de savoir recueillir l’information sur la réaction du public afin de pouvoir, selon le cas, continuer ou adapter les tours. Regarder un tour de magie fait par un ami, observer les techniques utilisées, l’impact magique, essayer de comprendre comment le tour a été créé, voilà d’excellentes sources d’information.
Il est aussi important de noter les commentaires après le spectacle, les critiques des magiciens, les applaudissements, rires, ovations, réactions sur les tours loupés, etc., et de poser des questions précises sur un tour, tout en tenant compte de la subjectivité de la personne qui répond.
Exemple : On posera la question de la façon suivante : “Dans le tour du foulard,  qu’avez-vous le plus apprécié : le changement de couleur, le voyage, la disparition ?”, et non “Avez-vous aimé le tour du foulard ?” qui amenant une réponse simple (oui ou non) apporte peu d’information.

Développer son modèle de magie

Présenter un spectacle, en éprouver toutes les émotions et sensations, demeurent une expérience individuelle et  permet de créer son propre modèle de magie. En ce qui me concerne, je privilégie le close-up et le Stand-up. J’aime voyager sans bagage, m’adapter rapidement à n’importe quelle situation ; faire des “miracles” avec un tour de cartes, voici un modèle de magie qui me convient. Ceci ne signifie pas que je ne m’intéresse pas à d’autres modèles, mais j’ai opté pour certains aspects qui me correspondent.

Quel que soit le modèle vers lequel on s’oriente, il est important de s’assurer que la présentation rejoint les divers types de spectateurs : ceux qui ont besoin de voir (visuels), ceux qui aiment entendre une histoire (auditifs), ceux qui privilégient le toucher (kinesthésiques), tout en considérant aussi que chaque individu porte en lui ces trois composantes à des degrés divers. Il peut être souhaitable d’intégrer ces trois catégories dans un spectacle de magie et même dans un tour afin de rejoindre le plus de spectateurs possibles.
Ainsi, dans la mesure du possible, les tours pourront-ils raconter une histoire, contenir des fioritures et permettre au spectateur de toucher les objets magiques. Cependant, présenter de la magie uniquement visuelle, parlée ou tactile demeure une alternative souvent acceptable.

Ainsi, maîtriser le spectacle, entrer en relation avec le public, observer, recueillir de l’information, tout doit tendre vers une harmonisation entre le magicien et son public. C’est un peu comme deux danseurs. En synchronisant leurs pas, par l’observation et l’ajustement, ils parviennent à l’harmonie sans savoir qui conduit et qui est guidé.
Ainsi, pour moi, l’objectif ultime de la magie est-il d’atteindre l’harmonie avec le public et de vivre un moment d’échange, de complicité et de joie dans ce partage.

Extrait de ses notes de conférences publiées en 1995.

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Patrick REYMOND
Localisation : Montréal (Québec) Age : 37 / apprenti magicien depuis 24 ans Profession : Magicien Fantaisiste (ex-magicien) Spécialité en Magie : Le divertissement. Influences Magiques : Juan Tamariz, Gaetan Bloom, Ascanio, Paul Harris, Dai Vernon, Marlo, Mimosa, etc... (il y en a beaucoup) Influences Diverses : Ionesco, Stanislavski, Cirque du soleil, La Bande Déssinée. Débuts : Débute lamentablement en normandie à l'âge de 14 ans dans une Kermesse d'école aprés avoir lu quelques livres sur le sujet... Passage éclair en 1984 au Club Med de Bora-Bora après son armée... Essai magique infructueux pendant 1 an en Martinique en 1985 à 1986... Temporairement à Nice en 1987-1988 s'incrivant pour la premiere fois dans une association de magicien (AFAP) et faisant la connaissance de Jean-Pierre Vallarino et de ses éleves... Disparait fin 1988 au Québec en espérant faire fortune... Pendant plus de 10 ans à fait l'aller-retour Montréal-Monte-Carlo (Cabaret du Casino de Monte-Carlo dec1989, jan 1990, mars 1991, fev 1992, dec 1993, fev 1994, mars 1995, mars-avril 1998 -Sporting club de Monte-Carlo juil 1991, 1994, août 1995-1996-1997). - 1er Prix de Magie Montréal 1996 - Grand Prix de la Colombe d'or 1998 - Prix de la SBM au Monte-Carlo Magic-Stars 2000. Passion : Les femmes mais surtout la mienne, la Magie, le Gambling (technique), faire des tours de magie virtuel en Flash 5 Gros défauts : Déteste être habillé comme un "Fonctionnaire" dans ses spectacles.